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D'où vient le projet de transition professionnelle

Le projet de transition professionnelle, issu de la réforme de la formation professionnelle de 2018, remplace le congé individuel de formation (CIF). Ce dispositif permet aux salariés de s'absenter de leur poste afin de suivre une formation pour se reconvertir ou évoluer professionnellement, tout en conservant leur rémunération et leur contrat de travail. Dans cet article, nous allons explorer les origines de ce projet, les raisons qui ont poussé à sa mise en place et les problématiques auxquelles il répond.

L'obsolescence des compétences face aux mutations économiques et technologiques

Dans un contexte de transformation rapide des métiers et des compétences, liée notamment à la digitalisation et à l'automatisation, de nombreux salariés se retrouvent confrontés à l'obsolescence de leurs savoirs et savoir-faire. Selon une étude de l'OCDE publiée en 2019, près de 14% des emplois présentent un risque élevé d'automatisation et 32% pourraient être profondément transformés à moyen terme. Face à ces mutations, il devient primordial pour les actifs de se former tout au long de leur vie professionnelle afin de maintenir leur employabilité et de s'adapter aux nouveaux besoins du marché du travail. Le projet de transition professionnelle s'inscrit dans cette logique d'anticipation et d'accompagnement des transitions professionnelles subies ou choisies.

L'aspiration croissante des salariés à donner plus de sens à leur vie professionnelle

Au-delà des enjeux d'adaptabilité, le projet de transition professionnelle répond également à une aspiration croissante des individus à donner plus de sens à leur travail et à leur parcours professionnel. Selon le baromètre OPE/Viavoice 2021 sur les attentes des salariés, 54% des personnes interrogées déclarent avoir envie de changer de métier. Cette quête de sens et d'épanouissement au travail se traduit par une volonté de se réorienter vers des activités en adéquation avec ses valeurs, ses aspirations et ses talents. Le projet de transition professionnelle offre ainsi aux salariés la possibilité de réinterroger leur trajectoire, de définir un nouveau projet professionnel et de se donner les moyens de le réaliser grâce à l'accès à une formation qualifiante.

Le besoin de sécurisation des parcours professionnels dans un contexte d'allongement des carrières

L'allongement de la vie professionnelle, lié notamment au recul de l'âge légal de départ à la retraite, confronte les salariés à la nécessité d'évoluer et de se réinventer tout au long de leur carrière. Selon les projections de l'INSEE, d'ici 2070, près d'un actif sur trois aura plus de 50 ans. Dans ce contexte, la sécurisation des parcours professionnels devient un enjeu majeur pour prévenir l'obsolescence des compétences, faciliter les mobilités professionnelles choisies et prévenir les situations de chômage ou de déclassement en fin de carrière. Le projet de transition professionnelle s'inscrit dans cette logique de sécurisation en donnant aux salariés les moyens de rebondir et de se reconvertir à tout âge, en bénéficiant d'un accompagnement et d'un financement adaptés.

La volonté politique de responsabiliser les actifs dans la gestion de leur employabilité

Le projet de transition professionnelle traduit également une volonté politique de responsabiliser les individus dans la gestion de leur parcours et de leur employabilité. Avec la création du compte personnel de formation (CPF) en 2015, chaque actif dispose désormais d'un crédit d'heures de formation qu'il peut mobiliser à son initiative pour développer ses compétences et sécuriser son parcours professionnel. Le projet de transition professionnelle s'inscrit dans la continuité de cette logique d'autonomisation en permettant aux salariés de définir leur propre projet de reconversion ou d'évolution professionnelle et de le financer grâce aux droits acquis sur leur CPF. Cette responsabilisation des actifs vise à favoriser une culture de la formation tout au long de la vie et à renforcer l'employabilité durable des salariés.

La nécessité de réduire les inégalités d'accès à la formation entre salariés et demandeurs d'emploi

Enfin, le projet de transition professionnelle répond à un objectif d'équité et de réduction des inégalités dans l'accès à la formation professionnelle. Avant la réforme de 2018, le congé individuel de formation (CIF) était peu mobilisé par les salariés les moins qualifiés et les plus précaires, qui pouvaient rencontrer des difficultés à faire valoir leur droit à la formation auprès de leur employeur. Selon les données de la DARES, seuls 13% des ouvriers non qualifiés avaient accès à la formation contre 34% des cadres en 2016. En ouvrant le projet de transition professionnelle à tous les salariés justifiant d'une ancienneté minimale, quel que soit leur contrat de travail ou leur niveau de qualification, la réforme vise à démocratiser l'accès à la reconversion et à la promotion sociale.

Le projet de transition professionnelle répond donc à des enjeux multiples et complémentaires :

  • Accompagner les salariés confrontés à l'obsolescence de leurs compétences dans un contexte de mutations économiques et technologiques
  • Répondre aux aspirations des individus en quête de sens et d'épanouissement dans leur vie professionnelle
  • Sécuriser les parcours professionnels dans un contexte d'allongement des carrières
  • Responsabiliser les actifs dans la gestion de leur employabilité tout au long de leur vie
  • Réduire les inégalités d'accès à la formation entre les salariés les plus qualifiés et les plus précaires.

Le projet de transition professionnelle est né de la convergence de multiples facteurs économiques, sociaux et politiques. Il constitue une réponse aux défis de l'évolution rapide des métiers et des compétences, de l'aspiration des individus à plus d'épanouissement dans leur travail et de la nécessité de sécuriser les trajectoires professionnelles. En responsabilisant les actifs dans la gestion de leur parcours et en réduisant les inégalités d'accès à la formation, ce dispositif s'inscrit dans une logique de flexisécurité visant à concilier la flexibilité nécessaire aux entreprises et la sécurité indispensable aux salariés.

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